L'APPROCHE
Il y a déjà quelque temps que l'idée
me taraudait l'esprit... Je
me disais : « maintenant que tout est plus calme
dans ma vie et que l'époque où l'on recherche
puissance et régime moteur s'estompe ». La
nostalgie venant et surtout, le fait d'avoir possédé,
il y a longtemps, dans un coin du garage une Terrot HSSO de 1927
( que j'ai pratiquement donnée il y a 20 ans
faute de place ), font remonter en moi le virus de la moto...
Enfin, je décide de démarrer la restauration d'une TERROT, mais laquelle ?
C'est parti, je cherche : visites, expos, bourses,
revues spécialisées, c'était toujours trop
cher ou trop loin du domicile. Puis un jour, mon fils m'indique
une adresse. Vite je téléphone et j'enchaîne
le déplacement avec la remorque vers Mortrée (61).
C'est tout de suite le coup de coeur , l'affaire
est faite . Elle est complète et avec le carton gris.
C'est une TERROT
350 HLG DE 1932.
LA RESTAURATION
L'engouement du 1er jour passé, il faut se rendre à l'évidence...
Dans l'ensemble, ce n'est pas brillant ! Mon épouse
me dit : « mais elle a brûlé ?
». Non lui répondis-je : « c'est
l'âge ». Effectivement elle n'a pas brulé
mais il y aura du boulot.
1ère phase :
LE MOTEUR
Je sors le moteur : il n'est pas grippé
mais il n'y a pas beaucoup de compression et en plus la pompe à
huile est HS. La dynamo est bloquée.
Je me décide à ouvrir : «
tiens les vis ne sont pas très bloquées ? »
Constat :
a)
Les soupapes sont grillées.
b)
Les guides de soupapes sont ovalisés.
c)
Une des deux chapelles a été
matraquée !
d) Vérification du vilebrequin : pas
de jeu latéral excessif - le roulement a du être changé récemment ainsi que celui coté distribution.
e)
Vérification du cylindre :
ø cote 71.5 c'est le maxi ! pas d'ovalisation un déglaçage
suffira.
f)
La segmentation est à
refaire et le piston doit être repris au tour car les segments
ont battu.
Tous ces travaux seront exécutés en
3 mois.
Je commence à remonter la mécanique
puis calage de la distribution.
La magnéto ne donne pas grand chose :
il faut la refaire ( clink = bruit de tiroir caisse )
Le carburateur est très beau et complet mais
le boisseau est usé : il faut le changer.
A ce stade, à part les basses questions d'argent,
tout va bien $$$.
2ème phase :
LA PARTIE CYCLE
Inspection générale : là
aussi il y a du boulot. A
l'achat déjà, la roue avant était bloquée
( problème pour hisser la moto sur la remorque ).
La roue arrière est en bon état :
ça tourne sans jeu ni saut ni voile.
Les pneus et chambres sont à jeter.
Les tambours sont à reprendre au tour et
les garnitures à refaire.
Je démonte le réservoir :: il
est en laiton mais le fond est en ferraille et c'est un gruyère.
J'attaque le travail en virant ce qui reste du fond
puis débosselage de l'enveloppe laiton.
Réfection du fond à grand renfort
de tôle et d'étain puis comblement des creux de l'enveloppe
toujours à l'étain ( merci à mon pote Dédé
).
C'est une galère + de 2 kilos de baguettes
d'étain ! La finition se fera après limage, au
sintofer suivi d'un ponçage. Ouf ! Démontage
de la fourche, je change les cuvettes et les billes.
Les biellettes et les axes sont complètement
usés, il faut les refaire : tournage, alésage,
détourage, ponçage et polissage en prévision
du chromage.
Remontage de la fourche : « c'est
drôle, on dirait qu'un des haubans part en sucette » !
J'installe le tout sur le marbre, constat :
elle est vrillée de 26 mm ( une paille !).
Bridage sur le marbre, on chauffe pour réaligner
le tout et maintenant c'est OK.
3ème phase :
LA BOITE, L' EMBRAYAGE ET... LE RESTE
Démontage de la boite et de l'embrayage :
les disques sont neufs et les paliers n'ont pas de jeu.
Les fourchettes et baladeurs ainsi que l'ensemble
des pignons n'ont pas trop souffert.
Ensuite démontage et mise à nu du
cadre par décapage chimique = métal à
nu.
Pendant ce temps : - L'échappement
est commandé en Alsace ( clink = bruit de tiroir caisse )
- La pompe à huile et le carbu sont changés ( re-clink
= bruit de tiroir caisse ) - La magnéto revient d'un
petit tour en Charente ( re-re-clink = bruit de tiroir caisse )
Maintenant, j'attaque la peinture avec l'aide de
mon fils (très dévoué) : préparation,
enduit, ponçages répétés, auto-garnissant
puis re-re ponçage ( la galère ), et enfin la peinture.
Tout va bien ce jour là, il fait beau, sec
et pas de vent : une chance !
On installe les caches pour le 2ème ton ( rouge et noir), séchage puis exécution
des filets.
Ensuite les décalcomanies protégées
d'un vernis.
Les pièces reviennent de chez le chromeur,
je tousse : ça commence à faire une somme tout
ça !
Le rayonnage des roues se fait sans problèmes.
J'ai une technique particulière mais ça marche bien.
Les pneus sont changés.
4ème phase :
LE REMONTAGE
Le remontage du cadre et de la fourche est facile.
Le reste des pièces est sans problème.
L'ensemble boite-embrayage est installé dans
le cadre. Je monte le moteur, les chaînes primaire et secondaire
neuves (les pignons d'origine sont bons ).
J'arrive au calage de la magnéto puis au
montage de la pompe à huile et la vérification de
la distribution.
Concernant l'électricité, tout le câblage est refait à neuf.
La dynamo reçoit un roulement neuf et je change le régulateur
/ conjoncteur ainsi que l'ampèremètre. Malgré
ces précautions, ça ne charge pas « on
verra ça plus tard ! ».
Le phare Novi est d'origine c'est une chance exceptionnelle.
5ème phase :
LA MISE EN ROUTE
Tout à l'air de fonctionner, huile et essence
dans les réservoirs, 2 ou 3 coups de kick pour faire monter
l'huile et tout mettre en place.
Je noie le carbu, je ferme l'air, un peu de gaz,
on passe la compression et …un bon coup de jarret !
Rien ???
Je remets ça trois fois : ce dernier
coup c'est l'apothéose, ça pète pour de bon.
Quelques réglages suivront naturellement.
Voici maintenant un an que j'ai commencé
cette restauration et j'en arrive au bout. C'est tant mieux car
c'est une sacrée galère en partant d'une épave.
Je suis content de moi. C'est mon point final.
Bernarbracam du RMS
PS : Merci à tous ceux qui m'ont aidé
dans cette belle entreprise
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