La Peugeot P108 de Patrick

 

« Les noisettes, les feuilles et la Peugeot P/108 »

C'est en me rendant à une bourse de moto, que je me suis mis à chiner dans les caisses et sur les étals, pour trouver quelques pièces de rechange pour ma motobécane au cas où ...
C'est alors que je vois à ma grande surprise une vieille moto rouillée dans un coin d'un camion. Je demande au vendeur la marque de la moto, il me réponds : «  c'est une Peugeot  P/108 250 CV année 30 ». ( Elle est dans son jus ! ) Mais elle n'est pas tournante pour cause ! des feuilles et des noisettes sont dans le réservoir, la magnéto est maintenue par un fil de fer, plus de verre de phare, l'ampèremètre et en prime, un nid d'oiseau dans le feu rouge arrière.

Je réfléchis un moment, puis conclut l'achat de la moto. Je la charge dans une camionnette et l'emmène dans mon atelier.


Un peu plus tard, je commence à chercher des documents et des photos d'époque pour connaitre les couleurs de peinture. Les renseignements trouvés, je commence la restauration ou plutôt le démontage de toute la moto. J'enlève toutes les feuilles et noisettes du réservoir afin de procéder au sablage avant peinture. Mais le réservoir est percé et il faut en trouver un autre...


Pendant ce temps là, je continue d'arpenter les bourses d'échanges à la recherche des pièces manquantes ou usées ( pneus, fils électriques, caoutchoucs et bien sur un réservoir ). Sous 3 mois, je peux récupérer les pièces sablées et peintes ainsi que la sellerie refaite à neuf.


 

C'est alors que je commence le montage du cadre assemblé sur des tréteaux comme un puzzle, avec les gardes boue et le nouveau réservoir. Bien sur, il faut refaire les cages à billes de roue et monter des billes neuves. Ensuite, j'attaque le démontage du moteur. Une surprise m'attend :

 

 

  • Piston mâté sur la calotte
  • Segments cassés
  • Pignons de boîte usés
  • Dents à 45°
  • Jeux très important de l'ensemble

La fourchette de boîte, les bagues de kick et la pompe à huile en laiton ont été révisees.

Comme la magnéto ne donne pas d'étincelle je la fais refaire entièrement. J'ai eu l'occasion de trouver un nouveau moteur : je l'ai ouvert et j'ai gardé toutes les bonnes pièces : bielle et villebrequin, pignons de boîte et pompe à huile sont en bon état sauf les roulements et le piston.
J'ai du trouver un piston et des segments neufs, cela ne m'a posé aucune difficulté après avoir trouvé l'adresse sur internet. C'était juste un peu long...

J'ai attendu 2 mois ½ , ensuite je fis réaléser le cylindre avec mon piston neuf : 15 jours d'attente supplémentaires.

Le moteur remis en état complet, avec sa magnéto, fut remonté sur le cadre de la moto.


 

J'ai refait l'électricité, la dynamo, la batterie, le phare remis en état et le feu rouge sans nid d'oiseau.

La moto s'était métamorphosée : elle avait repris un air de jeunesse.

La chaîne remontée, les contrôles établis, la moto fut descendue des tréteaux (1 ans ½ pour toute la restauration).


Je remplis le réservoir d'essence, la magnéto donnait une belle étincelle.
C'est avec une petite appréhension que je mis le pied sur le kick pour effectuer la première mise en marche : un peu d'avance, un peu de gaz ?
Au bout de 4 coups de kick, le moteur se mit à tousser et une fumée noirâtre sortit du tuyau d’échappement.
Un sentiment de victoire m'envahit ( mais pas pour longtemps ). Je la laisse tourner un peu puis je pars faire le tour du quartier.

Au retour tout allait très bien. Quelques jours plus tard, je décidais de refaire une autre tentative mais cette fois la moto n'alla pas bien loin...
Elle tournait puis s'arrêtait, après avoir constaté une odeur d’essence non brûlée, il fallait la laisser se reposer. J'avais un problème délicat...

Après diverses discutions avec mes amis et les membres du club R.M.S, ils me diagnostiquaient une aiguille de carburateur trop petite.
Je fis tourner une aiguille en bronze chez un ami, où plutôt plusieurs afin de trouver la bonne dimension. Merci à la patience de cet ami pour usiner les aiguilles. Ainsi l'aiguille remontée sur son boisseau, la moto se remit en route sans problème. Je fis à nouveau une énième tentative, pas de problème,mais au bout de quelques tours, un autre problème m’attendait : le piston a fait une amorce de serrage.
Dans la semaine, je démontais le moteur, cylindre et piston : pas de gros dégâts. Un léger réalésage fut obligatoire + 6/100 et un déglaçage. Plus tard je remontais le tout avec un ami et surprise...
Depuis cette dernière réparation la moto roule très bien.

Maintenant, j’ai fais 500 km en rodage en promenade dans le département avec le club R.M.S de Changé ( 100 km par sorties ). Ce fut très agréable de rouler sans difficultés ! J'ai même participé aux 2 litres du Mans 2004.


 

Conclusion :

Un an de mise au point avec tous ces problèmes, la moto roule ça en valait la peine !

  •  Ne pas oublier de mettre assez de jeu au piston (pour moi avec mon piston neuf  de 62 mm il fallut 18/100 pour éviter le serrage)
  • Vérifier l’aiguille du carburateur

A la prochaine
Patrick


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